Daft Punk



Impossible d'échapper ces temps-ci au phénomène Daft Punk, sorte de fusée Ariane lancée à l'assaut des hit-parades planétaires.
Entre l'hypnotique et tubesque Da funk -véritable détonateur de cette irrésistible ascension- et l'alunissage en force d' "Homework", l'exaltation n'aura fait que grandir autour des ces deux parisiens à la jeunesse insultante et à l'intégrité exemplaire.
Présenté bien avant sa sortie comme la quintessence de la techno d'aujourd'hui, "Homework", premier album bien ficelé, ne sera pourtant pas la révolution musicale tant attendue. Qu'importe : Daft Punk est avant tout le groupe de toute une génération de fêtards pour laquelle le rock, n'en déplaise aux grincheux, a définitivement tiré sa révérence. Saturday night f(or)ever !


Vous avez choisi votre nom en référence à la chronique d'un journaliste anglais qui vous qualifiait de "punks stupides" lorsque vous officiiez sous le nom de Darlin'. Comment aviez-vous réagi à la lecture de cet article ?
Thomas : Sur le coup, cela ne nous a pas vraiment touchés. Par la suite, nous avons trouvé l'appellation plutôt marrante et, quand il a fallu changer de nom, nous avons choisi celui-ci pour son côté esthétique.

Le fait de passer d'un statut de groupe de rock à celui d'un duo électronique signifiait-il pour vous la possibilité d'exploiter un plus grand champ d'innovation et de créativité ?
Guy-Manuel : Exactement.Thomas : Ce qui nous intéressait au moment de la création de Daft Punk était d'avoir plus de contrôle sur la production, de faire les disques chez soi et de ne pas passer par tous les obstacles intermédiaires...
Guy-Manuel : Avant même de réfléchir à tous ces aspects, nous avons été "aimantés" par cette musique au moment de la période "indie anglaise", vers 91/92. Nous écoutions de bons groupes comme My Bloody Valentine, mais le seul mouvement vraiment intéressant venait de la house avec des artistes comme The Orb et Andy Weatherall, qui imaginaient de nouvelles collaborations et brillaient par leurs remixes.


Qu'avez-vous conservé de la période Darlin' ?
Guy-Manuel : Rien du tout (rires), elle n'a duré que cinq ou six mois. À l'époque, nous avions dix-sept / dix-huit ans et c'était juste un délire. Maintenant que nous faisons de la musique plus sérieusement et que les gens commencent à s'intéresser à nous, nous sommes obligés d'évoquer cette vieillerie. Le problème est que, dans la mesure où nous avons sorti un disque, la chose prend tout de suite plus d'importance. Pourtant, la qualité du son était vraiment pourrie, pas meilleure que sur une démo.

Vous remixez souvent les morceaux des autres. Quelle est votre part de liberté en ce cas ?
Thomas : En ce qui nous concerne, nous avons toujours fait ce que nous voulions. Certains remixes restaient relativement proches des originaux, d'autres partaient très loin dans le délire, à tel point que l'on refusait de livrer la bande sous cette forme. Cela ressemblait vraiment trop à un gag !Guy-Manuel : Il y a tellement de flottement dans le remix qu'il vaut mieux collaborer directement avec l'artiste. Mais cela ne nous poserait aucun problème de remixer du rock ou même du classique... Beethoven par exemple (il fredonne la cinquième symphonie).




par Laurent Dubois / Photos : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 26 de Prémonition...)
Cranes - Daft Punk - Death In June