Death In June



Dernier viatique pour l'homme noble en cette fin de siècle, ces deux orientations menées parallèlement par un iconoclaste empruntant l'admirable sentier produit par l'intensité, la constance et le recueillement de l'âme : Kapo et Scorpion Wind. Nouvel effort thérapeutique où Douglas Pearce fait tomber le masque de manière draconienne. Nous voici une nouvelle fois ramenés à la source originelle de son esthétisme téméraire et nihiliste, où à travers sa confession, l'analyse ne devient possible que lorsque l'on a atteint la conclusion.

Récemment, deux disques associés au nom de Death In June sont sortis : Kapo et Scorpion Wind. Peux-tu nous en dire plus ?
Douglas Pearce : En fait, ce sont deux projets bien distincts : il y a d'abord Scorpion Wind, que j'ai réalisé avec Boyd Rice, et puis Kapo, qui aurait dû être le nouvel album de Death In June, mais j'ai senti que je n'étais pas présent de façon assez pure sur cet album pour justifier du nom de Death In June et donc, j'ai eu l'idée de démarrer un nouveau concept nommé Kapo, qui devait au départ simplement être un single, juste avec Richard Leviathan (de Strength Through Joy -ndlr) et moi, car nous étions tous deux voisins en Australie. L'écriture s'est faite d'ailleurs très vite, et nous nous sommes aperçus que nous avions suffisamment de titres pour enregistrer un album complet au lieu d'un single. Les deux disques en question ont d'ailleurs été enregistrés quasiment à la même période, et sont sortis à quelques jours d'intervalle, mais ce sont deux concepts différents : Scorpion Wind est vraiment la suite de "Music, Martinis, and misanthropy". Je n'ai pas écrit les textes, j'assure simplement les chÏurs, et Boyd assure les voix principales... Cela aurait d'ailleurs très bien pu être un album de "Boyd Rice and friends". En fait, ce disque s'est fait simplement parce que nous nous sommes trouvés au même endroit au même moment.

Tu as également travaillé sur les albums de Strength Through Joy.
Oui, sur leur premier album "The force of truth and lies", j'ai co-écrit quelques chansons et je l'ai produit. Quant à leur second album, je l'ai simplement produit. Ils m'écrivaient depuis plusieurs années et, lorsque je vivais en Angleterre, je faisais régulièrement des allers-retours en Australie. Et puis, quand je m'y suis installé définitivement, nous nous sommes retrouvés voisins par hasard : le fait que nous nous rencontrions semblait donc être une progression naturelle. Nous avons décidé que la prochaine fois que nous nous retrouverions ensemble en Australie, nous ferions un disque ensemble et j'ai été tellement impressionné par la quantité de matériel qu'ils avaient écrit que je me suis dit qu'il ne pouvait en sortir que quelque chose de bien. C'est donc ainsi que la connexion s'est produite entre nous.

Cela fait longtemps que tu n'avais pas donné de concert en France. Est-ce toujours aussi dur pour toi d'entreprendre une tournée ?
Oui. Avant tout je n'aime pas jouer live, cela ne me parait pas naturel, je préfère travailler en studio où je contrôle beaucoup plus la situation. C'est aussi une question de temps : Death In June est un travail à temps complet, pas à temps partiel, qui occupe chaque minute de ma vie. Depuis la dernière fois où j'ai joué à Paris, j'ai enregistré un nouvel album de Death In June, de nouveaux singles, j'ai travaillé sur la production de différents albums, puis il y a eu plusieurs autres projets : Scorpion Wind, Kapo... Cela prend bien trois ou quatre ans... Les gens ne nous voient plus, donc ils pensent que l'on ne fait plus rien, mais c'est simplement parce que l'on est ailleurs, en train de travailler sur autre chose, ou alors en tournée dans d'autres pays, comme l'Allemagne. Si nous passons peu en concert, ce n'est pas parce que nous refusons systématiquement les propositions qui nous sont faites, mais surtout parce que l'on nous sollicite peu. Et Death In June n'est pas le genre de groupe à quémander un peu d'attention : "S'il vous plaît, aimez-nous, proposez-nous un concert". Si les gens ne veulent pas nous faire jouer, ce n'est pas nous qui allons venir les chercher.


par Franck Bizouarn et Christophe Lorentz / Photo : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 26 de Prémonition...)
Cranes - Daft Punk - Death In June