Cranes
Avec "Population 4", Alison et Jim Shaw amorcent un véritable virage dans la carrière de Cranes, en se tournant résolument vers un son plus électrique, plus "naturel". Rencontre avec le couple de musiciens, tout étonnés de leur nouveau statut de "vrai" groupe, mais soucieux de rester fidèles à leurs émotions premières.
La composition du groupe a changé...
Alison : Oui, le groupe s'est un peu transformé début 96 : Matt, notre ancien guitariste, s'est marié et nous avons accueilli un nouveau batteur, Manu. Dans un sens, je pense que c'est une bonne chose, tout nous semble différent.
Et Jim chante maintenant ?
Alison : Jim avait écrit une chanson que j'aimais beaucoup, Stalk, sur laquelle il chantait. Je me suis dit pourquoi pas, j'aime beaucoup cette version, et nous l'avons utilisée. C'est étrange, un jour en studio, nous avions fait un enregistrement de ma voix et, en baissant la tonalité, cela ressemblait tout à fait à la voix de Jim. Nous avons la même voix mais dans un registre différent.
Jim : Oui, moi non plus, je ne sais pas chanter (rires).
"Population 4" est moins sophistiqué que les albums précédents ; c'est quasiment du pop-rock !
Alison : D'une certaine manière, oui. Il nous a été dit qu'il s'agissait d'un disque plus direct et c'est vraiment ce sur quoi nous nous sommes concentrés. La plupart des chansons sont axées autour de la guitare, mais je crois quand même qu'il y a une combinaison de différentes formes de musique, par exemple il y a des morceaux complètement acoustiques, d'autres sont extrêmes à certains endroits, comme le dernier titre de l'album, To be, qui dégage une certaine intensité.
Jim : Après avoir enregistré la "Tragédie d'Oreste et Électre", pour laquelle nous avions utilisé beaucoup de claviers et de programmations, nous avons voulu que le son soit plus basé sur les guitares, beaucoup plus naturel. C'est ce que nous voulions et, je crois, ce que nous avons fini par obtenir. La façon dont s'est déroulé l'enregistrement -en jouant live- a beaucoup affecté le résultat final. Presque toutes les chansons étaient déjà écrites avant d'entrer en studio, mais certaines démos sont méconnaissables sur l'album. Nous voulions ces guitares pour contraster avec "Les mouches".
Comment s'est passée votre collaboration avec Mark Freegard, qui a également produit les Breeders, Lush et les Manic Street Preachers ?
Jim : C'était vraiment la personne la plus indiquée, pour différentes raisons. Il a très bien su faire cesser les petites disputes, et aussi nous amener à faire le travail nécessaire lors des sessions en studio. L'album tiré de Sartre était une absolue digression : nous étions censés enregistrer "Loved" à cette époque et finalement, nous avons abouti à cet album, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi ; nous n'avions vraiment que quatre semaines et demie pour l'enregistrer, il fallait que ce soit fait. Le cadre était absolument fantastique...
Alison : ... en pleine campagne, avec des champs et un lac...
Jim : C'était une ferme transformée en studio. Nous avons installé notre matériel pour enregistrer. Il y avait juste en haut de la route un pub absolument incroyable, que nous avons pas mal fréquenté... Mark Freegard a su nous mettre au travail, ce qui ne veut pas dire que je sois flemmard... En fait, je me contenterais de beaucoup moins, notamment en matière de détails techniques, mais Mark a obtenu un album très "propre". S'il y avait lors de l'enregistrement quelque chose quimanquait, il nous faisait tout recommencer et c'était plutôt une bonne chose. C'est lui qui nous a obligé à finir Can't get free !
par Laurence Fabien
(La suite est dans le no 26 de Prémonition...)
Cranes - Daft Punk - Death In June