Dead Can Dance



Lorsque l'on parle de ce groupe incontournable et fascinant qu'est Dead Can Dance, il est difficile d'éviter les lieux communs du genre "hors du temps et des modes", "musique à nulle autre pareille", "groupe unique", cent fois rabâchés, mais tous tellement vrais, les mots étant de toute manière inadéquats pour décrire une musique dont même ses créateurs ne peuvent parler. Interrogés à tour de rôle, Brendan Perry et Lisa Gerrard, abstraits à souhait, ne nous livrent que peu de clés susceptibles de dissiper l'aura de mystère qui entoure Dead Can Dance. Mais avons-nous vraiment envie de la dissiper ?

Votre nouvel album, "Spiritchaser", est assez différent des précédents. Comment le définiriez-vous ?
Brendan Perry : Comment le définirais-je ? "Dead sexy"... Un autre album "dead sexy" de Dead Can Dance. Je ne sais pas en fait, il est très dur de définir un album...

Alors parlons du titre. Que veut-il dire ?
Brendan : Il signifie, en quelque sorte, "la convocation de l'esprit". En un sens, c'est la recherche, à travers le processus de création de la musique, de l'esprit, d'un moment où les émotions pourraient recharger la musique. Nous avions besoin de ce titre parce que, de la façon dont l'album est construit, avec à la base ces rythmes de percussion, nous étions à la poursuite de la charge spirituelle contenue dans tout cela.

Toutes les chansons parlent-elles du thème des esprits ?
Brendan : Elles ne parlent pas des esprits en tant que tels, mais plutôt de "l'esprit du rythme". C'est l'esprit dans lequel l'album a été créé, comme tous nos autres disques d'ailleurs, avec un grand respect, une grande humilité par rapport au matériel en lui-même. Il y a beaucoup d'animisme dans l'album, dans le sens d'imitation des animaux, des sons qu'ils produisent, comme les oiseaux par exemple. La façon dont la voix humaine est utilisée est aussi plus "animiste".

Quand on écoute l'album, on a l'impression que les structures des morceaux sont plus libres. Cela vient-il du fait qu'elles découlent d'improvisations ?
Brendan : Non, en fait l'album est plutôt mûrement composé. Les improvisations et la spontanéité ont bien sûr existé au tout début, à l'intérieur de la création de la musique elle-même, disons plus à la naissance du processus de création qu'au moment réel de la composition. C'est le manifeste d'une année de travail, d'une année d'énergie créatrice.

L'atmosphère générale du disque est plutôt réservée et sereine.
Brendan : Oui, il y a effectivement un climat de tranquillité. Song of the Nile est sans doute le morceau le plus tranquille. La relaxation est un élément majeur de cet album, il y en a de toute évidence bien plus que dans les disques précédents.

L'utilisation des voix est elle aussi inédite, vos deux voix sont très souvent mêlées.
Brendan : Oui, cette fois-ci nous avons beaucoup collaboré, nous avons travaillé de manière très rapprochée sur tous les morceaux. Généralement, nous travaillons longtemps séparément avant de nous réunir, mais là, nous avons vraiment travaillé étroitement l'un avec l'autre. C'est une méthode différente, qui semble donner un résultat différent de nos précédents albums. Il y avait aussi un effort conscient pour changer le processus créatif : d'habitude, les mélodies des voix venaient normalement en premier, comme force motivante ; cette fois-ci les prémices se situaient volontairement au niveau musical, et c'est seulement après que nous avons construit les structures mélodiques des voix, elles sont venues plus tard dans le processus évolutif.




par Nathalie Vassal et Christophe Lorentz


(La suite est dans le no 24 de Prémonition...)
Dead Can Dance - Magnapop - Cyber-Tec -