Cyber-Tec



Depuis la mise en hibernation de Front 242, nombreux sont ceux qui ont tenté en vain de mettre Jean-Luc De Meyer a contribution. Ged Denton de Crisis N.T.I et Jonathan Sharp de New Mind ont, eux, réussi à le sortir de son sommeil. Est né de leur collaboration l'EP "Let your body die", prélude à un album à sortir d'ici peu. Après le départ de Jonathan Sharp, Marc Heal de Cubanate est venu les rejoindre. C'est cette équipe aguerrie que nous avons rencontrée lors de son passage au festival Ombre Sonore à Strasbourg.

Qu'est-ce qui t'a amené à faire Cyber-Tec ?
Jean Luc De Meyer : Je recevais régulièrement des cassettes de gens qui me demandaient si cela m'intéresserait de chanter avec eux. Mais il n'y avait jamais rien de bien excitant, jusqu'aux démos qu'ils m'ont envoyées. Je n'avais rien d'autre à faire à ce moment-là et c'est ainsi qu'a commencé notre collaboration.

Est-ce la première fois que tu fais quelque chose hors de Front 242 ?
Jean-Luc : Quasiment, j'ai juste collaboré pour un morceau au groupe de Talla (fondateur du label Zoth Ommog -ndlr), Bigod 20.

Ne pouvais-tu intégrer à Front 242 les idées que tu utilises pour Cyber-Tec ?
Jean-Luc : Ah non, sûrement pas ! Vers la fin plus rien n'allait, il n'y avait plus de liberté. Non seulement nous souffrions de la censure des uns par rapport aux autres, mais qui plus est, d'autocensure. C'était devenu quelque chose de tellement... (il réfléchit), tellement... "narrow-minded", vraiment chiant, c'était vraiment devenu mortel au possible de travailler là-dedans !

Tu en parles au passé... Front n'existe donc définitivement plus ?
Jean-Luc : En ce qui me concerne, non. Franchement aujourd'hui... No more... Quinze ans, pfff... (sifflement de ras-le-bol).

Pour toi, quand a eu lieu la rupture ?
Jean-Luc : Il y a eu le Lollapalooza aux États-Unis avec une très longue tournée, beaucoup trop longue même. En fait, c'était fini avant même que l'on enregistre "Up evil" et "Off". Il y a un moment où tu ne le sens plus, tout te fait chier. Il y a quelque chose qui a disparu.

Ces deux albums étaient très bons mais moins "typiquement Front 242"...
Jean-Luc : ... Et ils auraient dû être bien meilleurs. Il n'y a plus d'inspiration dans ces albums. Tu vois, au lieu de parler des films qui sortaient, de ce qui se passait dans le monde à ce moment-là, chacun ne parlait plus que de "Rage Against The Machine qui fait ci ou de Ministry qui sort ça". À partir du moment où tu commences à te comparer aux autres, c'est que tu sens que tu dois absolument te rattraper, qu'il y a quelque chose qui t'échappe alors qu'il fallait continuer à faire... je ne sais pas moi, étudier un peu la conquête spatiale pour voir ce que l'on pouvait en tirer comme élément intéressant, par exemple... Mais bon c'est fini, ça ne marchait plus, plus d'inspiration, plus d'idées...

Tu as quand même l'air de regretter cette fin.
Jean-Luc : Eh bien c'est un peu triste mais c'est fini. Je m'amuse dix fois plus maintenant, c'est certain.

Tu n'es pas au chômage, donc !
Jean-Luc (rieur) : Avec ce que j'ai gagné avec Front je suis à l'abri du besoin jusqu'au dernier de mes jours...

Pour l'instant, Cyber-Tec n'a sorti qu'un album, ou plutôt un EP sur lequel il y a quatre morceaux et leurs remixes. Avez-vous d'autres projets ?
Jean-Luc : Notre album est prêt. Nous avons quatre chansons de plus maintenant et nous les jouons en concert.
Marc Heal : Il est difficile pour moi de parler de cet EP, parce qu'au début, je n'avais rien à voir avec ce disque. J'ai juste remixé une chanson, alors que sur l'album j'ai écrit des morceaux. Je pense qu'il est très bon, car il fait avancer les choses plus loin, vraiment plus loin. Et j'espère qu'après cet album, les gens qui parleront de ce que nous faisons ne le décriront pas par comparaison avec Cubanate, Front 242 ou je ne sais quoi. Je pense que cet album va "définir" notre son et j'espère qu'après l'avoir écouté les gens diront : "C'est l'Album".





par Christophe Labussière et Carole Jay / Photo : Carole Jay


(La suite est dans le no 24 de Prémonition...)
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