Magnapop



Point d'esclandre et encore moins de paillettes du côté de chez Magnapop. Il est simplement question de cette Amérique de tous les jours que chante Linda Hopper. Après un premier album éponyme produit par Michael Stipe, "Hot boxing" produit par Bob Mould et aujourd'hui "Rubbing doesn't help", Magnapop manie toujours aussi bien sa noisy-pop à la fois abrasive et caressante.
Contes de la folie ordinaire.


Comment s'est passé l'enregistrement de votre dernier album avec Geza X (Germs, Dead Kennedys) à la production ?
Shannon Mulvaney (basse) : Nous sommes allés voir Geza chez lui, c'est un type formidable, à la fois fascinant, bizarre et très gentil.
Linda Hopper (chant) : Nous avions en effet commencé par enregistrer chez lui des démos quatre pistes et puis cela s'est finalement terminé par un album entier.


Vos textes relèvent plutôt d'une veine réaliste.
Linda : Oh oui, une grande partie de nos paroles traitent de ce qui est proche de nous. Toutes ces choses que l'on vit au quotidien servent souvent de base pour nos chansons, ce sont des sujets presque universels. Tout le monde peut se sentir concerné par ces histoires qui parlent de gens véritables. Je peux décrire nos chansons comme à la fois furieuses et déprimées, furieuses pour la musique, déprimées pour les paroles.

Vous ne lisez donc pas Charles Bukowski par hasard... (Shannon lisait Bukowski avant que l'entretien ne commence).
Shannon : Comme dans ses romans, nous nous efforçons de parler de ce qui nous entoure, de ce que nous vivons et de ce que nous ressentons. Ce n'est pas du pipeau, c'est juste la vraie vie. Nous n'avons vraiment pas envie de faire de la surenchère, de chanter sur les fleurs ou de rajouter une dimension dramatique aux paroles. Dans "Women", Bukowski parle de toutes les femmes qu'Henri Chinaski (son alter ego) a rencontrées dans sa vie. Je me demande vraiment comment lui qui est si horrible, a pu réussir à séduire toute ces superbes jeunes femmes qu'il décrit dans son roman. J'aurais bien aimé boire un coup avec lui, dommage qu'il soit mort...

Ne trouvez-vous pas la musique plutôt douce à côté de ces paroles souvent graves ?
Shannon : Parfois, les contrastes sont les bienvenus dans les chansons. Dead letters raconte l'histoire de l'un de nos meilleurs amis qui est mort d'overdose. La musique se devait d'être belle et attrayante, nous aurions très bien pu en donner une version morbide et enjouée mais...
Linda : ... mais nous ne l'avons pas fait.
Shannon : Oui, car pour nous, c'était comme une marque de respect.
Linda : Nous avons écrit cette chanson parce que nous n'étions pas là lorsqu'il nous a quittés. Nous étions partis en tournée en Grande-Bretagne et nous n'avons pas eu l'occasion de lui dire au revoir.


Il y a aussi cette chanson, This family.
Shannon : Avec le groupe, nous nous considérons comme membres d'une petite famille. Et comme dans toute famille, parfois nous avons des hauts, parfois des heurts. Alors nous avons écrit ce refrain, cette famille va au paradis, cette famille va en enfer. Il existe toujours une contrepartie, du moins c'est comme cela que nous le vivons.

Chacun de vos disques a été produit par des personnalités (Michael Stipe, Bob Mould, Geza X).
Linda : Oui, nous avons d'abord commencé par travailler avec "Monsieur Mode", Michael Stipe, puis avec "Monsieur Punk Rock", Bob Mould et enfin avec le freak, Geza X (rires).

Était-ce un choix de votre part ?
Shannon : Non, pour commencer, Michael Stipe nous a aidés à enregistrer nos premières démos qui ont été par la suite sorties sur disque. Nous connaissions déjà Bob Mould, il souhaitait depuis longtemps nous produire. Quant à Geza X, nous en avions ras-le-bol de bosser avec des rocks stars ! Nous aimons bien travailler avec des producteurs, mais lorsqu'il s'agit de rock-stars, tout le monde vient nous questionner à propos de Michael Stipe ou de Bob Mould, mais jamais rien sur nous !




par Quentin Grolier / Photo : Philippe Mazzoni


(La suite est dans le no 24 de Prémonition...)
Dead Can Dance - Magnapop - Cyber-Tec -