Einstürzende Neubauten



Rencontre londonienne avec le charismatique leader de l'un des derniers groupes mythiques des années 80 toujours en activité : Einstürzende Neubauten, fer de lance -à son corps défendant- de la révolution industrielle. Habillé d'un austère costume gris et coiffé d'un non moins austère chapeau Mormon, Blixa Bargeld nous apparaît définitivement très allemand : légèrement hautain, résolument froid, parfois distant, d'autres fois sincère, mais toujours impressionnant. Si loin, si proche...

Que fais-tu à Londres ?
Blixa Bargeld : Nous finissons l'enregistrement du prochain album de Nick Cave and The Bad Seeds, qui devrait sortir au début de l'année prochaine. Ce sera un disque très lent, sans aucun single possible. J'ai d'ailleurs proposé de sortir par la suite un second album avec certains morceaux qui ont été enregistrés mais qui correspondent moins à l'atmosphère voulue. Ensuite, je repartirai à Berlin pour tourner dans un téléfilm allemand où j'interprète le rôle d'un fou pyromane (rires).

Sur "Ende neu", c'est la première fois à ma connaissance que le line-up d'Einstürzende Neubauten change.
En fait, entre 1980 et 1982, il a changé plusieurs fois, et récemment encore. Mais il est vrai que cette formation est restée constante pendant environ treize ans. En fait, lorsque nous avons travaillé sur la musique de la pièce "Faust", Mark Chung nous a annoncé que c'était la dernière fois qu'il collaborait avec nous, simplement parce qu'il n'avait plus assez de temps à nous consacrer : il a un travail, une famille... Il nous a donc quitté et a été remplacé par Roland Wolf, qui a joué du piano au sein des Bad Seeds, mais il est mort. Ensuite, à la fin de l'année passée, j'ai eu la surprise d'entendre Mufti (F.M. Einheit -ndlr) m'annoncer qu'il nous quittait lui aussi. Il ne reste donc plus qu'Alex, Andrew et moi, ce qui correspond à la formation du groupe de 1981.

Vous travaillez tous avec d'autres formations, sur différents projets... Comment faites-vous pour vous retrouver et travailler ensemble sur les albums de Neubauten ?
Cela nécessite que tout soit planifié très longtemps à l'avance. Mais maintenant que nous ne sommes plus que trois, je pense que cela sera plus facile.

Est-ce que travailler avec Nick Cave t'apporte quelque chose d'utilisable dans le cadre d'Einstürzende Neubauten ?
Pas sur un plan pratique... mais je travaille avec Nick depuis treize ans, et quoi que j'ai pu faire avec lui, cela a forcément laissé des traces dans mon expérience personnelle. Donc, même si je ne m'en rends pas compte, il y a sans doute des traces de lui dans ce que je fais.

Par exemple, il y a deux chansons sur "Ende neu" qui sonnent un peu comme du Nick Cave : The garden et Stella Maris.
Je ne trouve pas du tout que The garden sonne comme du Nick Cave.

Et Stella Maris ?
Non plus.

Vous utilisez à présent de plus en plus de cordes. Pourriez-vous faire un jour un disque entièrement classique, avec orchestre ?
Oui bien sûr, si nous pouvons nous en payer un (rires). Nous aurions bien voulu mettre encore plus de cordes sur cet album, mais nous n'en avions malheureusement pas les moyens.




par Christophe Lorentz


(La suite est dans le no 25 de Prémonition...)
Diabologum - Einstürzende Neubauten - Throwing Muses