Laugh
Il n'aura fallu qu'une K7, "Used to laugh", et un CD single, "Notice", enregistré à la suite de leur victoire lors d'un tremplin national en suisse, pour que Laugh décroche un contrat chez BMG, label sur lequel le groupe vient de sortir un premier album inestimable, "Blue & yellow".
Vous avez débuté avec la cassette "Used to laugh"...
Valérie : Nous pensions à l'époque qu'elle était vraiment bonne, c'est à la base une démo que l'on avait enregistrée pour avoir des contacts avec des maisons de disques, sans succès parce que ce que nous faisions à cette époque n'était pas encore très mature.
Il y avait huit titres, c'était donc plus un album qu'une simple démo...
Valérie : Nous voulions avoir toutes nos compositions sur cassette, cela faisait deux ans que l'on travaillait dessus. C'était un enregistrement en prise directe avec seulement quelques retouches au niveau du chant.
Qu'en pensez-vous aujourd'hui ?
Valérie : Je ne l'écoute plus tellement ; non que je la renie, mais le chant, les compositions et les arrangements sont meilleurs sur nos morceaux plus récents. Le côté positif de cette démo est de nous avoir permis de constater nos progrès.
Tim : La différence de qualité entre l'album et la cassette, qui ne sont séparés que par un laps de temps relativement court, est encourageante.
Tes textes traitent principalement de l'enfance, sont-ils autobiographiques ?
Valérie : Il y a forcément un côté autobiographique mais que je retransforme, dans le sens où tout ce que je dis dans mes textes ne m'est pas forcément arrivé, heureusement d'ailleurs (rires) ! Mais généralement, j'ai une idée par rapport à quelque chose qui m'est arrivé et j'en fais un conte de fées. J'invente une nouvelle situation à partir de quelque chose qui me tracasse, que je ressens.
Est-ce important pour toi que les textes accompagnent le disque ?
Valérie : Cela m'énerve toujours quand les paroles sont absentes du livret, je déteste cela. J'aime bien pouvoir chanter en écoutant un disque, et c'est dans cette optique que j'ai toujours voulu que mes paroles soient consultables. J'ai quand même envie qu'elles soient comprises, bien que je ne prétende pas que mes textes soient fabuleux.
Deux des morceaux de l'album rappellent Cure. Est-ce l'une de vos références importantes ?
Valérie : Pour moi oui, pour Tim pas du tout. C'est ce qui est intéressant dans notre groupe, nous avons tous des influences véritablement différentes. Mais la musique de Cure me plaît effectivement beaucoup, elle m'influence énormément.
Yann : Avec le recul j'admets que l'intro de Shine around peut faire penser à Cure. Même si j'admire aussi énormément ce groupe, je n'aime pas trop que l'on nous y compare, même s'il m'est donc arrivé de me dire que, tiens, il y a peut-être une petite touche commune... C'est loin d'être du plagiat.
Valérie : Il y a une relation entre Laugh et Cure, dans le côté atmosphérique plus que d'un point de vue musical. Je ne crois vraiment pas que nos musiques se ressemblent, il y a juste cette même atmosphère, cette même lourdeur qui sont données par les claviers et les harmonies.
Le premier contact avec la voix de Laugh rappelle forcément les Cranes...
Valérie : Je ne peux pas lutter contre cela. C'est ma voix... Je n'ai jamais voulu faire du Cranes, du Cure ou quoi que ce soit... Les médias ont de toute façon toujours besoin de nous mettre une étiquette, ils ont besoin de nous comparer et les gens ont aussi besoin que l'on soit comparés. Il peut donc se dire ce que l'on veut sur nous, je ne peux rien faire contre. Ce que je veux que les gens sachent, c'est que je ne le fais pas exprès et que je ne cherche pas à ressembler à tel ou tel groupe. J'ai juste envie de faire du Laugh avec mes influences. Et si cela sonne un peu ci ou un peu ça, ce n'est pas voulu.
Comment qualifieriez-vous Laugh ?
Tim : C'est vachement dur (rires). En termes larges, c'est du "pop rock" Mais comme te l'a dit Valérie, nous cumulons tellement d'influences que l'on ne peut pas réduire Laugh a un seul style.
Yann : Si tu écoutes Cowardly c'est un peu trip-hop, Shine around new wave, Imperfect garden un peu plus british, beaucoup plus puissant. Laugh est vraiment un mélange de tout cela. C'est cet amalgame qui nous donne quelque chose d'original. Il est difficile de parler de notre musique, d'autant plus que l'on a tous nos nouveaux morceaux en tête et de la peine à s'imaginer que les gens en sont toujours à "Blue & yellow". Nous avons déjà huit nouveaux morceaux prêts, je pense que l'on a acquis aujourd'hui une plus grande personnalité.
Un nouvel album est donc déjà en préparation ?
Tim : Le prochain album est prévu pour mars 1997 et Cowardly va sortir en single en septembre. Un single du prochain album sortira en janvier. S'il s'avérait que nous ayons les capacités d'aller plus loin, notre label nous soutiendrait.
La pochette n'est pas à l'image de la musique...
Valérie : C'est le concept de Laugh, nous n'avons pas envie de nous couper les veines, il y a une atmosphère un peu sombre c'est sûr, mais il y a tout de même beaucoup de morceaux gais. Je te rappelle que nous nous appelons "Laugh", n'est-ce pas ?. J'aime beaucoup le contraste, le blanc et le noir, le gai et le triste. Je n'avais vraiment pas envie de voir sur la pochette un arbre mort sur fond de nuages ou bien une tombe ou ce genre de choses. Je voulais juste provoquer, je voulais quelque chose de coloré, quelque chose qui, justement, ne colle apparemment pas avec notre musique. C'était le but en fait, d'attirer l'attention et faire réagir les gens.
par Christophe Labussière
The Mission - Laugh