Françoiz Breut



Des bribes murmurées de "Si je connais Harry" au bruissement des mesures d'un paso doble sur "La mémoire neuve", le couple A et B, intro d'un abécédaire prometteur, varié sans jamais sombrer dans la variété, nous présente à l'occasion du premier album de Françoiz, son intérieur nuit. Cette fois-ci, A se situe en retrait de B, ayant peur de "devenir un poids qui parle". Sans bruit, le nez gentiment retroussé et le charme mutin, Françoiz Breut marche dans un entre-deux, tiraillée par les caprices de l'apesanteur. Récit de l'errance dans l'éther. Au-delà ? Nous ne savons pas. Une chose est sûre, c'est que les histoires d'A finissent bien en général...

Cherbourg est votre dernier refuge. Pourquoi cette ville après Bruxelles ?
Françoiz Breut : En fait, j'en suis native, aussi avais-je envie de retourner un peu chez moi. Comme nous étions en tournée tout le temps, nous en avions un peu assez de Bruxelles -problèmes administratifs et tout-, alors nous voulions revenir en France. Nous nous sommes donc dit : "Allons dans mon petit coin perdu".
Dominique A : La région est superbe. Je m'y vois tout à fait en préretraite en dehors des tournées.
Françoiz : Malgré la radioactivité locale...


Étiez-vous intoxiqués par Bruxelles ?
Dominique : Bruxelles, c'est une incompréhension mutuelle...
Françoiz : Moi, j'aime vraiment mon pays, j'y suis vraiment attachée.


Moi, je t'imaginais vraiment belge, je m'étais fait mon film.
Françoiz : Ah bon (rires) ! Si tu veux, je peux prendre l'accent.Dominique : Il y a eu des articles par rapport à La mémoire neuve qui étaient un peu exagérés. J'avais un rejet, je n'aime pas la ville de Bruxelles, mais vis-à-vis des gens que j'aime bien là-bas, il était vraiment dur de tenir certains propos, j'ai peut-être exagéré...

Françoiz, peux-tu m'expliquer en quoi consistait l'exposition que l'on t'a consacrée à Rennes ?
Françoiz : Au départ, je crée des livres pour enfants, enfin pas spécialement pour enfants, des livres-objets, des petites historiettes, des illustrations, du travail sur la reliure, que l'on m'a proposé d'exposer. Moi, je ne désirais pas les exposer tels quels sur de petits présentoirs, je voulais que ce soit mis en scène, j'ai travaillé sur le thème de la nuit : le rêve, les chambres, les maisons hantées, donc on se promène dans des décors avec des lumières, dans lesquels tous les livres sont présentés.

Avais-tu déjà exposé avant ?
Françoiz : Oui, deux fois. Pour cette exposition, j'ai travaillé pendant un an sur le livre, sur le thème de la nuit, en parallèle aux tournées.

Arrivais-tu à concilier les deux ?
Françoiz : Oui, oui... Avant la série de concerts, je cherchais un éditeur, je n'avais pas encore un style qui se reconnaissait, je partais un peu dans tous les sens. Au moment des tournées, j'ai un peu laissé de côté l'édition.

Est-ce que ton style s'apparente à celui de la pochette qui illustrait "Si je connais Harry" ?
Françoiz : Non, en fait, sur la pochette de Dominique, il s'agit de collages. Ce que je fais, c'est de l'illustration, comme dans le livret de mon album.

Nous te connaissons uniquement depuis le second album deDominique. Qu'as-tu fait auparavant ?
Françoiz : En fait, lorsque j'ai rencontré Dominique, nous avons formé un groupe, avec également Perio, un duo franco-américain qui faisait aussi partie de l'écurie Lithium. Ensemble, nous donnions de petits concerts avec des reprises en anglais : Jonathan Richman, Daniel Johnston...
Dominique : Les Kinks, Blondie, Joni Mitchell...


Un vrai juke-box...
Dominique : Oui, oui (rires), c'était un juke-box.
Françoiz : Nous avons donné quelques concerts dans le cadre de l'expo et, suite à cela, nous avons sorti des 45 tours, tous auto-produits avec Dominique. Moi, je m'occupais des pochettes, nous avons tout fait en sérigraphie. Ensuite, Dominique m'a proposé de l'accompagner en concert. À ce moment-là, son groupe n'était pas encore formé.
Dominique : Nous avons pris rendez-vous, elle a passé une audition (rires).
Françoiz : Il y avait quinze filles ce jour-là, et j'ai été prise. Ensuite, nous avons donc donné des concerts, et petit à petit, nous voulions plus de chansons où je chantais seule. Puis nous nous sommes dit : "Pourquoi pas un disque solo ?"





par Frank Bizouarn / Photo : Philippe Mazzoni


(La suite est dans le no 27 de Prémonition...)
Françoiz Breut - Tindersticks - Wumpscut - Front Line Assembly