Tindersticks
Si une chose est sûre avec "Curtains", le nouvel album des Tindersticks, c'est que ces rideaux se lèvent et s'ouvrent en grand. Somme incroyablement variée d'un groupe qu'une rumeur stupide donne pour lent et sinistre, il justifie sans hésitation la bonne humeur d'un Stuart Staples radieux. Parions que dans peu ces gens-là sauront même nous faire danser.
"Curtains" commence comme un album des Tindersticks et évolue dans de nombreuses directions...
Stuart : "Another night in" est la première chanson que nous ayons écrite juste après notre second album. Elle nous a paru être la chanson que le fan des Tindersticks attendrait pour démarrer un nouveau disque et donc, nous l'avons mise au début. C'est vrai qu'il y a beaucoup de nouveaux sentiments sur ce disque. J'ai tendance à penser qu'il est composé de quatre faces et qu'après "Dick's slow song", on commence à sentir le groupe qui évolue dans une direction, puis dans une autre après "Let's pretend".
Votre travail avec Claire Denis sur la bande originale de "Nénette et Boni" semble vous avoir ouvert de nouveaux univers.
Pour le film de Claire Denis, l'idée était de nous limiter au niveau des instruments. Ce n'était absolument pas comme faire un album ordinaire, nous avons découvert de nouvelles choses que nous avons voulu explorer plus avant. Quand tu participes à un tel film, cela élève ton niveau d'âme. Ce n'est pas qu'une collection de chansons, nous avons travaillé sur le scénario et sur le résultat final. Des chansons comme My sister et Tiny tears font partie prenante du film, qui a été filmé en fonction d'elles pour ce qui concerne les scènes où elles apparaissent. La mort de Félix et La rumba sont parmi les plus belles choses que nous ayons faites en tant que groupe.
As-tu été sensible au scénario au moment d'accepter d'en composer la musique ?
Je ne pense pas que le film ait vraiment une histoire. Il est un peu comme notre musique, il parle de choses que tu ne peux pas toucher et que tu poursuis. Après le deuxième album, beaucoup de gens nous ont contactés pour écrire des musiques de films et ce n'est qu'après avoir rencontré Claire que nous avons compris que c'était sa façon de travailler qui nous attirait.
Un album des Tindersticks doit-il obligatoirement être long ? Vous restreindrez-vous un jour ?
Je pense que nous y viendrons. Ce n'est pas pour ne rien jeter que nous faisons des disques longs. Nous laissons les choses suivre leur cours. "Curtains" est l'album que nous avons toujours rêvé de faire, il ressemble au premier et au second mais il fonctionne bien, non que nos disques précédents n'aient pas eu de bonnes chansons (rires). Je veux dire que c'est le premier disque qui représente vraiment quelque chose pour nous.
Bathtime, l'un de vos meilleurs morceaux, est quasiment soul, voire dansant. D'où vient-il ?
Pour moi, Bathtime est le rejeton direct de City sickness. De plus, je pense que, tout en étant la chanson la plus groovy que l'on ait écrite, c'est aussi la plus sombre. Nous l'avons remixée pour le single, il n'y a plus de cloches dessus, c'est juste pour être plus agressifs. J'ai hâte de l'entendre à la radio (rires).
Another night in est un peu la suite de A night in, n'est-ce pas ?
Another night in n'est pas la chanson que croient les gens. L'idée est que, si tu ne peux pas avoir quelque chose, tu dois comprendre pourquoi tu en as tellement besoin. Une fois que tu le sais, le fait de ne pouvoir avoir ce que tu désires te parait un peu moins important, comme si tu avais gagné quelque chose.
The ballad of the Tindersticks est l'ordinaire morceau parlé que l'on trouve sur chaque album.
Ce n'est pas que de l'ironie, cette chanson, c'est aussi de la vraie tristesse, sur la perte du sens de ce qui est important.
On trouve également un nouveau duo avec Ann Magnusson de Bongwater. Qu'est-ce qui te plaît tant dans les duos ?
J'aime les duos car tu peux pousser plus loin certaines idées. Tu peux faire chanter à tes partenaires des choses que tu n'oserais jamais dire toi-même.
par Christophe Despaux / Photos : Philippe Mazzoni
(La suite est dans le no 27 de Prémonition...)
Françoiz Breut - Tindersticks - Wumpscut - Front Line Assembly