Wumpscut



Révélé dans toutes les soirées dark européennes par l'hallucinant Black death, :Wumpscut: est en réalité le projet d'un seul homme, Rudy Ratzinger, ex-D.J. allemand, enfant de la new-wave et de l'E.B.M, qui a réussi en quelques années à détroner Skinny Puppy et Ministry dans le coeur des cybergoths, à grands coup d'imageries morbides et de sons distordus. La sortie récente d' "Embryodead", l'un de ses meilleurs disques à ce jour, prouve également que l'homme n'est pas près de s'assagir. Tant mieux pour nous, et tant pis pour vos voisins.

Comment est né :Wumpscut: ?
:Wumpscut: a démarré un jour de mai 1991. C'est à cette époque que le premier album de Leæther Strip m'est passé entre les mains et j'ai trouvé ce disque tellement intense que j'ai immédiatement décidé que j'allais essayer de faire quelque chose par moi-même. Même si ce disque restait finalement assez simple, il m'a véritablement impressionné. À cette période j'étais DJ, j'avais donc une position idéale pour essayer directement sur les gens les morceaux que j'avais composés moi-même. Et comme ils étaient toujours bien appréciés, cela m'a encouragé à en faire plus. Tout a donc commencé avec Leæther Strip, mais il y a eu aussi Kraftwerk, Dive, Front 242...

Pourquoi avoir aussi rapidement monté ton propre label ?
Simplement parce que c'était le meilleur moyen d'être autonome, de pouvoir déterminer tranquillement les dates de sortie et le choix des morceaux... Une vraie liberté. De cette façon, tu peux maîtriser tout, jusqu'au merchandising. C'était vraiment la meilleure façon de permettre à :Wumpscut: de continuer librement à tracer son chemin, sans aucun handicap, sans embûche, ce qui m'a permis de n'avoir jamais à mettre de structure entre le public et moi ; le contact direct est toujours la meilleure chose qui puisse exister entre l'artiste et l'auditeur. Avoir mon propre label m'a permis depuis le début de bénéficier d'une réelle indépendance.

Tu es le seul élément de :Wumpscut:, n'as-tu jamais eu envie de t'entourer d'un vrai groupe ?
Non, j'ai toujours préféré m'organiser seul. Les idées vont, viennent... C'est déjà assez dur à gérer seul ! Il est très difficile de réunir un groupe, il faut se mettre d'accord sans arrêt, sur tout : sur des dates de concerts, des lieux, des horaires, avoir des idées communes sur la musique. Cela me semble insurmontable !

Comment as-tu été amené à travailler avec Haujobb ?
Haujobb fait partie des groupes électro actuels les plus innovants. Dejan est venu me voir un jour pour me proposer une collaboration ; depuis nous avons travaillé ensemble à plusieurs reprises, sans compter les remixes de "A slaughtering tribe II". J'étais d'ailleurs très satisfait par ces morceaux.

Que penses-tu de la scène électro actuelle ?
Il existe simplement de bons et de mauvais groupes. Le problème principal, aujourd'hui, est que les instruments sont de moins en moins chers, tu peux donc acheter très facilement des instruments de merde. Et plus il est facile de composer de la musique, plus on s'expose à ce que n'importe qui s'y essaye. Ce problème se retrouve dans le monde entier, il y a trop de musique, trop de disques, et beaucoup trop sont de mauvaise qualité.

Avec qui aimerais-tu travailler ?
Je n'ai pas de temps à consacrer à d'autres groupes pour le moment, mais j'aimerais vraiment collaborer avec Lamb, celapourrait être très intéressant.

Pourquoi rééditer tous tes CD "digitally remastered" ?
Nous devions impérativement sortir une nouvelle édition de tous mes disques, la précédente était totalement épuisée. Alors, j'ai voulu profiter de cette opportunité pour utiliser les tout derniers standards technologiques. Je suis très satisfait de ces nouveaux enregistrements, ils sont bien plus puissants que dans leurs versions originales.

Qu'est ce qui t'a tant fasciné dans le film "Soylent green" de Richard Fleisher ("Soleil vert" -ndlr) pour en prendre le titre sur le premier morceau de "Music for a slaughtering tribe" ?
Cette fantastique vision apocalyptique... Il n'y a plus assez de nourriture, les gens sont obligés de se manger entre eux. J'ai vu ce film alors que j'étais très jeune et j'ai été terriblement impressionné par cette idée... J'ai donc voulu intégrer des samples du film dans ce morceau, qui a d'ailleurs été le premier gros succès de :Wumpscut: en Allemagne.




par Stéphane Burlot / Photo : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 27 de Prémonition...)
Françoiz Breut - Tindersticks - Wumpscut - Front Line Assembly