Front Line Assembly



Membre actif des incontournables Front Line Assembly depuis 1987, Rhys Fulber est également l'un des grands noms de la musique électro-industrielle, de par ses innombrables collaborations, ses nombreuses participations en tant que producteur ou remixeur et ses multiples projets parallèles. Ayant depuis peu abandonné la machine F.L.A. à son créateur Bill Leeb, Rhys, après avoir mis en suspens ses projets personnels (Delerium, Noise Unit), démarre une collaboration alléchante avec les brutaux Fear Factory. L'occasion de faire le point sur une décade de terrorisme sonore...

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Donc, tu ne fais plus partie de Front Line Assembly parce que tu avais envie d'essayer des choses nouvelles...
Oui, c'est un peu cela. Front Line ne correspondait plus vraiment à ce que je voulais faire. Et puis, au cours de toutes ces années, j'ai travaillé avec beaucoup d'autres groupes, j'ai rencontré des gens qui m'ont proposé de faire des albums avec eux... Être dans Front Line ne me donnait pas le temps de faire toutes ces choses, dont j'avais vraiment envie. Bill et moi sommes toujours amis, nous ne nous sommes pas quittés fâchés, mais maintenant, j'ai la possibilité de bouger, de faire ce que je veux, et Bill a un nouveau membre au sein du groupe, il y a un nouvel album qui doit sortir, même si je ne sais absolument pas à quoi il peut ressembler. J'ai eu beaucoup de bon temps avec F.L.A, j'ai pu démarrer une carrière avec eux mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il était temps pour moi de partir.

Tu as rejoint Front Line Assembly en 1987. Que faisais-tu avant ?
J'étais un gosse ! Quand j'ai commencé à travailler avec le groupe je devais avoir seize ou dix-sept ans, j'étais à l'école (rires).

Comment en es-tu venu à travailler avec Bill Leeb ?
Je l'ai simplement rencontré à Vancouver parce que je traînais dans le milieu industriel de la ville depuis 1984, avec Skinny Puppy et tous ces groupes. Bill était très impliqué dans cette scène, je l'ai rencontré en ville parce que je possédais une boîte à rythmes et que nous étions tous deux fans de ce genre de musique. Tous avons donc enregistré des cassettes avec nos machines et tout s'est enchaîné. Mais j'étais très jeune à l'époque, je ne faisais pas grand chose, ce n'est qu'à partir de 1989, quand j'ai eu dix-huit ans, que j'ai pu m'investir à un degré plus sérieux. Le premier album dans lequel je me sois totalement investi fut "Caustic grip", auparavant je ne faisais que quelques apparitions par-ci par-là, et puis j'avais un autre groupe nommé Will. En 1989 j'ai participé à une tournée avec Front Line Assembly, et c'est en 1990 que Bill et moi avons commencé à travailler ensemble sur des morceaux. C'est donc à partir de cette année-là que j'ai vraiment fait partie de Front Line.

1990 est aussi l'année où tu as commencé à travailler sur des projets parallèles.
En fait, j'avais déjà Will bien avant Front Line, c'était ce que je faisais à temps complet, jusqu'à ce que Front Line prenne beaucoup d'importance dans ma vie. Will m'amusait, mais c'est Front Line qui me faisait vivre. Il y a aussi Delerium, dont nous sortons un nouvel album, enregistré l'année dernière : c'est un groupe très populaire au Canada, très différent, beaucoup plus commercial. Ce nouvel album montre ce vers quoi je voulais aller, parce que ce n'est pas du tout ce que je faisais avec Front Line Assembly, c'est plus accessible, mais c'est voulu : auparavant, mes projets annexes interpellaient surtout les fans de F.L.A. Je pense qu'il est plus intéressant que ce ne soit pas le même public qui écoute Delerium et Front Line Assembly, parce que la musique n'est pas la même et c'est bien ainsi que cela se passe au Canada.

Delerium paraît être basé sur un concept plus spirituel, qui traite de la place de l'homme dans l'univers.
Oui, en quelque sorte. Le nouvel album est plus... je dirais "pop" (rires). Il y a effectivement ce genre de thèmes, mais ce sont aussi des éléments que l'on retrouve chez Front Line.

L'on retrouve également beaucoup d'inspiration religieuse chez Delerium.
Je ne suis pas quelqu'un de religieux. Spirituel peut-être, mais pas religieux. C'est simplement l'imagerie qui m'inspire parfois, qui est évidemment très forte, qui fait bouger les gens. Quand je viens en Europe et que je vois ces énormes cathédrales qu'il a fallu cent ans pour construire, c'est pour moi quelque chose de très fort, même si je ne suis pas Chrétien. Toutes ces choses gravées dans la pierre ; la façon dont les gens, grâce à la religion, évitent de devenir fous en se demandant à quoi tout cela rime sont des aspects de l'humanité qui me remuent et qui m'inspirent.

Tu fais aussi partie de Noise Unit, qui est un projet essentiellement instrumental.
En fait, la plupart des morceaux de Noise Unit provient de jams en studio et d'enregistrements que nous ne voulions pas utiliser pour Front Line. Ce n'est pas quelque chose de vraiment très sérieux. Il y a effectivement un nouvel album de Noise Unit qui vient de sortir et qui est issu de recherches que nous avons faites après notre tournée européenne de l'été dernier.


par Christophe Lorentz / Photo : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 27 de Prémonition...)
Françoiz Breut - Tindersticks - Wumpscut - Front Line Assembly