Das Ich



Chaque -trop rare- album de Das Ich est un événement, une petite déferlante dans la routine des productions "dark". À l'occasion d'un concert inaugural à Paris, destiné à nous faire découvrir en avant-première leurs nouveaux morceaux, rencontre avec Bruno Kramm, compositeur et claviériste du groupe.

Comment se présente votre nouvel album ?
Je pense qu'il est plus électronique que les précédents. Après avoir réalisé deux albums assez lents et une musique de film ambiante totalement dépourvue de batterie, nous avons voulu passer à quelque chose de plus rythmique, de plus dansant. La plupart des morceaux du nouvel album ont certains aspects "dancefloor", il y a même une voix féminine sur un remix, car nous voulions essayer différentes couleurs de chant.

Vos textes mélangent les références religieuses, littéraires et psychanalytiques, est-ce dans un but précis ?
Le premier album était centré sur la religion, un thème très gothique. Le second parlait de l'Apocalypse, ce qui à mon sens est également très gothique. La nouveauté sur le troisième album, c'est que nous abordons des problèmes personnels. Il y a même une chanson d'amour, bien que l'on ne s'en rende pas forcément compte tout de suite, car elle traite de l'aspect existentiel d'une histoire sentimentale. Nous nous éloignons des sujets mystiques ou fantastiques pour nous rapprocher des problèmes sociaux. Je pense qu'il est inutile de continuer à parler de perspectives religieuses, tout cela est trop flou. Aujourd'hui, il se passe des choses déterminantes en Europe, sur les plans politiques, sociaux, économiques... En outre, nous sommes à la fin d'un millénaire, il va y avoir une nouvelle ambiance "fin de siècle". Je pense qu'il est plus important que jamais de revenir au départ, à ses racines, et de se concentrer sur ses convictions profondes.

Vos racines, musicalement parlant, semblent plus proches du classique que de l'industriel ou de la musique électronique.
Cela vient sans doute du fait que j'ai baigné dans la musique classique depuis mon plus jeune âge : à six ans, je n'écoutais rien d'autre. Ensuite, j'ai appris le piano et la composition classique, donc il est normal que ce soit mon influence majeure, mais je pense qu'il est intéressant de la combiner avec des sonorités, des climats industriels. Il y a un tel manque de groupes qui le font, personne n'utilise d'éléments classiques. J'estime que nous nous trouvons à un moment de l'histoire musicale où des choses passionnantes se sont passées et qu'il serait vraiment dommage de les laisser se perdre. C'est pourquoi je cherche à les combiner avec des matériaux plus électroniques. En fait, notre dernier album est beaucoup plus électronique que classique, à part deux ou trois morceaux. Il est beaucoup plus rythmique et je pense qu'il s'agit de notre meilleur disque à ce jour, le plus adulte. Je sais que la plupart des groupes en disent autant lorsqu'un nouvel album sort, mais dans notre cas, c'est vrai (rires).




par Jean-François Micard / Photos : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 28 de Prémonition...)
Salaryman - Das Ich - Kristin Hersh - Tanya Donelly