Kristin Hersh



De ses longues années au sein des Throwing Muses, Kristin Hersh a gagné l'image d'une femme simple, sereine, pour qui la reconnaissance importe peu tant que le plaisir est au rendez-vous. Orpheline de son groupe sacrifié, elle revient aujourd'hui avec "Strange angels", un nouvel album solo des plus bouleversants.

Quelle est la raison de la séparation des Throwing Muses ?
Nous n'avions plus d'argent pour enregistrer un nouvel album ou pour partir en tournée. Nous savions que cette situation devait arriver tôt ou tard, à force d'être un groupe qui cherchait à tout prix à ne jamais avoir de tube (rires). Il était évident que nous ne gagnerions jamais un million de dollars, nous voulions juste continuer à enregistrer les disques que nous voulions écouter, continuer à rencontrer des gens sympathiques et ouverts à nos concerts et pas simplement une foule venue pour entendre le single qui passe sur MTV. Nous avons fonctionné ainsi pendant dix ans et aujourd'hui, je ne vois pas cette absence de succès comme un échec, mais plutôt comme notre point d'honneur (rires). C'est très dur, ils me manquent tous énormément, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Je monterai fatalement un autre groupe un jour, la guitare électrique me manque trop, mais pour l'instant, j'ai juste un projet instrumental d'inspiration drum'n'bass nommé Laguna, avec mon batteur David Narcizo... du drum'n'bass, mais impossible à danser (rires).

Constates-tu une grande différence entre ta participation aux Throwing Muses et ton travail en solo ?
Avec le nouvel album, pas tant que cela. "Hips and makers", mon premier album acoustique était très... acoustique. Il sonnait trop folk à mon goût. Celui-ci me ressemble plus, il est plus proche de choses qu'auraient pu faire les Muses, mais avec des instruments différents. Lorsque j'ai enregistré "Hips and makers", j'avais ce sentiment qu'il devait être totalement différent de tout ce que j'avais pu faire auparavant, qu'il n'y aurait eu autrement aucun intérêt à sortir un album solo, juste pour que les gens puissent admirer mon ego démesuré (rires). J'étais peut-être trop impressionnée par l'acoustique alors, et j'ai joué de tous les instruments dans cette veine, mais maintenant qu'il n'y a plus les Muses et que je n'ai plus aucune barrière, mon prochain album pourra être à peu près n'importe quoi.




par Jean-François Micard / Photos : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 28 de Prémonition...)
Salaryman - Das Ich - Kristin Hersh - Tanya Donelly