Tanya Donelly



Enfant terrible du rock indépendant américain, insatisfaite de ses groupes au point d'en changer comme de chemise, Tanya Donelly -ex-Throwing Muses, ex-Breeders, ex-Belly- revient aujourd'hui en solo, avec un album qui est loin de faire l'unanimité. Vraie renaissance ou fausse convalescence ?

Quelle est la véritable raison de la séparation de Belly ?
Nous ne nous amusions plus, nous nous rendions la vie difficile, alors nous avons décidé d'arrêter, tout simplement. Je suis sûre que nous ne pourrons jamais plus travailler ensemble. Tous les groupes finissent généralement par se séparer de cette manière, car il ne subsiste plus aucun avantage à continuer lorsque l'on s'ennuie : tout ce que l'on fait devient très mauvais. Cela dit, je ne renie rien de ce que j'ai pu faire avec Belly ou avec mes groupes précédents (elle le prouvera le soir même en reprenant sur scène plusieurs morceaux de Belly et des Throwing Muses -ndlr).

Constates-tu une grande différence entre ta participation à Belly et ton travail en solo ?
Tout dépend de quelle chanson tu parles. Le disque commence précisément là où j'en étais restée avec Belly et se dirige vers ce que je voudrais atteindre par la suite. Certains morceaux me semblent déjà très vieux, d'autres sont plus proches de mes souhaits actuels. Manna, Swoon ou Acrobat font partie de ces compositions plus acoustiques, plus ambiantes, vers lesquelles j'ai envie d'aller.
Je me sens également plus à l'aise maintenant car, malheureusement, je ne suis pas très douée pour intégrer une équipe. J'ai essayé, mais je n'y arrive pas. J'admire les groupes qui parviennent à avoir du succès et à rester ensemble, comme R.E.M. ou Radiohead. Mais mes capacités à communiquer sont assez nulles, surtout lorsque l'on en arrive à des situations émotionnelles. Et dès que tu fais partie d'un groupe, tu dois être brillant en communication pour réussir cette relation et ta carrière. Et comme je ne le suis pas, je préfère me débrouiller seule. De cette façon, je peux faire ce que je veux. Si je remontais un groupe, je m'imposerais à nouveau des limites auxquelles je viens juste d'échapper, ce que je ne souhaite à aucun prix. Je veux pouvoir jouer ce que je veux, avec qui je veux, quand je veux. De cette manière, je peux me permettre de me produire dans de petites salles, ce que je préfère avant tout. J'aime l'intimité des petites salles, même si elles craignent un peu.





par Jean-François Micard / Photos : Stéphane Burlot


(La suite est dans le no 28 de Prémonition...)

Salaryman - Das Ich - Kristin Hersh - Tanya Donelly