Autechre
"Nous ne nous demandons jamais si un son est un bruit ou ne l'est pas. Nous pensons avant tout que le son est la musique, que le rythme et la mélodie ne font qu'un". "Chiastic slide" défile ainsi d'un bloc, en un seul morceau brûlant et chaotique, sur lequel surviennent quelques accidents, ou plutôt ce qu'eux-mêmes appellent des "éléments inquantifiables" : une basse solitaire essaie de se coller aux rythmes fuyants, une mélodie simplette évolue aléatoirement, des bruits profonds d'inimaginables machines surviennent soudain... "Nous ne nous donnons aucune restriction dans notre travail, nous suivons juste une certaine direction. Nous cherchons toujours un équilibre entre une forme de logique et l'émotion. Notre second album, qui était un peu brumeux, en était une représentation très claire. Aujourd'hui, nous essayons de construire notre musique à partir de seulement six ou sept sons. Nous voulons confondre logique et émotion, les unir en une seule et même entité".
Sans avoir écouté les disques d'Autechre, ce discours peut paraître abstrait, si ce n'est abscons. Mais lorsque Sean et Rob parlent de leurs machines, on comprend soudain comment de telles préoccupations peuvent avoir un sens dans leur conception de la musique : "La technologie est un outil pour nous, nous n'en sommes pas esclaves. Nous en tirons ce que nous voulons. Notre équipement doit être complètement transparent, il faut que nous puissions entendre dans les enceintes ce que nous avons en tête avec le moins d'interférences possibles. Nous nous intéressons aux nouvelles technologies dans la mesure où elles nous permettent d'ouvrir à notre musique certaines possibilités auxquelles nous n'aurions jamais pu penser. Comprendre une machine relève d'un long processus, qui nécessite un moment d'exploration avant de pouvoir en tirer quelque chose".
par Quentin Groslier
(La suite est dans le no 26 de Prémonition...)
Collection d'Arnell Andrea - Bästard - Autechre - XVII Vie